L'Histoire du GMC

Le GMC Voile est une association qui possède une longue histoire... extraits de l'Encre à la mer de mars 2015rédigé à l'occasion des 50 ans du GMC.

Pierre Rousseau, l'un des fondateurs du Groupement Morbihannais de Croisière, plonge dans ses souvenirs pour évoquer  la création de l'association en 1965.  C'est l'histoire d'une bande de copains qui a concrétisé ses rêves : faire partager sa passion à tous ceux qui aiment la mer et la voile.

« A l'automne 1956, je rentrais tout juste d'un séminaire de six mois en Kabylie offert par la République.  J'habitais Ploermel et j'avais la chance, rare à l'époque, de naviguer sur l'étang du Duc (250 hectares) avec le dériveur familial. J'ai vu arriver un jour de novembre deux jeunes profs du collège technique de Josselin qui venaient se renseigner sur l'autorisation à obtenir pour naviguer sur ce plan d'eau, alors propriété de la Marquise de la Bourdonnaye. Ils avaient monté une activité voile, fabriqué des dériveurs (le mousse de F. Sergent) à l'atelier bois et déjà navigué en baie de Quiberon à partir  d'un camp nautique à Saint-Julien en presqu'île.»

Pierre Rousseau

Trois copains

Yvonnick Guillou, prof de gym et Jean Jozroland étaient très différents et très complémentaires. Yvonnick étaient plein d'idées, souvent au bord de l'utopie. Son expression favorite : « dans les 10 ans qui viennent ». Doué d'un charisme certain et d'un goût prononcé pour le débat et les idées créatrices, il avait en son copain Joz un régulateur efficace. Joz était plein de sciences, rigoureux, méticuleux, pragmatique et très bon pédagogue. Son caractère abrupt ne l'a pas empêché d'être dès ces années un élément essentiel de cette histoire. A partir de ce moment-là, « nous avons fait des choses ensemble » (Yvonnick), hiver comme été. Yvonnick était allé en stage découverte canoé-kayak dans les Alpes et s'était tout de suite passionné pour ce sport de nature, quasi inconnu en Bretagne (un club à Rennes).

D'où son idée utopique en apparence : «il y a de l'eau dans nos rivières en hiver et il fait rarement froid, allons-y ». Nous avons démarré à Rohan, appuyé sur l'école menée par Yves Le Bac. Et l'utopie s'est avérée si jouable qu'aujourd'hui la Bretagne est la première ligue fédérale pour le nombre de licenciés et les résultats.

Les amis de la jeunesse morbihanaise

Revenons à la voile. A partir de 1957, la structure du collège Josselin est doublée par les initiatives du service départemental de la jeunesse et des sports qui veut promouvoir la voile et le canoë dans le Morbihan. Le service met en place une association 1901 qui va gérer les activités et recevoir les fonds nécessaires pour le matériel et le fonctionnement des écoles de voile et canoë : les Amis de la jeunesse morbihannaise. Cette association est totalement dépendante du service auquel elle est liée par une convention. L'encadrement des stages est assuré par des permanents du service et par bon nombre de bénévoles dont un gros pourcentage d'enseignants, vu les vacances ! Un peu avant 1960, Yvonnick quitte Josselin pour un poste de permanent au Service J.S. Il est donc responsable de toutes les activités. Il va leur donner un développement important en voile et canoé (avec construction de dizaines de canoés en polyester) . Il va aussi inventer Beg Rohu, devenu depuis l'école nationale de voile.

Ce fort désaffecté appartenait à la Royale. Son prêt fut obtenu et en juin 1958, nous avons quitté avec nos stagiaires des écoles normales de Vannes et Laval le local des Amis de l'école de Pontivy, sur le vieux port de Port Haliguen pour investir les casemates, monter les tentes et creuser des feuillées ...

Seulement voilà : Beg Rohu c'était tellement génial qu'en 1962, Maurice Herzog, ministre Jeunesse et Sports a choisi le site à l'issue d'un survol en hélicoptère …

Et les Amis de la jeunesse morbihannaise ont été priés de trouver autre chose. Dans le même temps, le torchon qui brûlait entre les membres de l'association et le patron du service a fini de se consumer pour déboucher sur un schisme. La convention a été dénoncée. L'AJM a dès lors bénéficié d'une autonomie totale et du matériel nautique important (vauriens, caravelles, bateau de sécurité, cuisine...) mais les subventions se sont taries ...

Et Yvonnick détaché par l'Education nationale a intégré les Glénans où il a terminé vers 1990 sa carrière comme premier directeur de l'école des chefs de bord.

Donc plus de Service Jeunesse et sports mais toujours une activité importante de l'école de voile dériveur à Kerjouanno, désert à l'époque, à Saint-Jacques, à Larmor-Plage et une section canoé dynamique. Chaque section a son budget et pas mal de membres pratiquant les deux activités.

Naissance du GMC

Nous arrivons en 1964. Parmi les moniteurs de voile, Joz en tête, on commence à se lasser des ronds dans l'eau.

De plus, le matériel est fatigué et les tarifs pratiqués faute d'inclure un amortissement ne permettront pas le renouvellement.

Nous avons donc commencé à peaufiner le projet sous forme de « section croisière » de l'AJM avec l'achat d'un mousquetaire chez Stéphan à Concarneau.

Mais Yvonnick a débarqué un beau jour en réunion avec son fameux « dans les 10 ans qui viennent » pour expliquer que la croisière était une autre activité, demandait d'autres moyens et même d'autres hommes et qu'il fallait donc créer une autre association consacrée uniquement à cela. Nous avons donc suivi ce très sage conseil. Joz a trouvé le nom. On a déposé les statuts. Comme on ne pouvait puiser dans la caisse de l'AJM, il fallait réunir des fonds.

Nous avons donc prêté un peu d'argent chacun au GMC. Le bateau coûtait 12 500 francs. André Stephan nous avait dit « Je vous livre en mars, vous payez la moitié et le reste en septembre après votre saison » .

Les prêts ont été collectés avec une discrétion de banquier suisse par Pierre Delazai notre président (ou trésorier ?) de l'époque. Comme il venait d'être papa d'une petite Marie-Pierre, ce fut le nom de notre premier bateau.

 Le deuxième s'appelait Marie-Chose. Qui avait trouvé ça ? Joz bien sûr. Le troisième fut Marie-Bulle, le nouveau mousquetaire avec sa bulle au-dessus de la table de cartes. Et c'est ainsi que naquit le GMC. Depuis le temps passe mine de rien, presque deux générations et plusieurs protogonistes de cette histoire ont déjà affalé la voilure.

«Longue vie au GMC ! »
Pierre Rousseau, 2012

Quelques milles plus loin...

« Je n'étais pas là au début du début, et j'en apprends encore sur l'origine du GMC en croisant de ci de là des gens qui y ont navigué avant moi. Si, il y en a ! J'y suis arrivé en 1978, mais le GMC est né en 1965, et l'idée est encore plus ancienne, dans l'esprit "Jeunesses Laïques" dans lesquelles s'investissaient bon nombre d'enseignants de l'époque. Le GMC ne fait pas exception à cette règle. Gérard Perron en fut un des présidents (4 ans) qui précéda Christian Dély (18 ans) à qui j'ai succédé (10 ans) avant Jacques Rossetti qui n'est jamais que le sixième président du GMC.

J'ai souvent pensé à reprendre les albums photos de Christian Dély (il en faisait beaucoup) pour les scanner et faire un historique avec la tête des anciens que je n'ai pas non plus tous connus, mais je n'en ai pas pris le temps ...

Les deux seuls que je sache qui soient encore là depuis le début sont Pierre Rousseau et Gérard Perron, ensuite viennent Yves Bourrillon qui venait avec sa mère (et si !) qui fut une fidèle parmi les fidèles jusqu'à son dernier souffle, puis viennent Jean-Pierre Couhic, sans doute vers 1975 et Jean-Claude Martin vers 1976. En 1965, Gérard Perron venait de quitter ses culottes courtes. Pierre venait du Kayak, dont il fut président de ligue, avec la bande de créateurs du GMC issus des jeunesses morbihannaises. Christian Dély a dû arriver vers 1968. Par hasard, sur Beg Melen le 8 mai il y avait un oncle de l'acheteur qui avait navigué au GMC en 1973, à l'époque où le GMC avait deux mousquetaires même pas encore club. ...»

 Erick Le Barc'h, 2011

L'esprit du GMC : le sens du collectif

« Quand je suis arrivée au GMC en 2012 on me parlait de l’esprit GMC comme d’un sésame pour être intégrée dans l’association. La participation à de nombreux bords m’a permis de comprendre le sens de cet esprit qui ne veut pas dire spirituel, encore qu’un peu d’humour fasse aussi partie de la qualité des relations humaines.

Sur un bateau du GMC on te demande de participer aux manœuvres mais aussi à la vie du bord :vaisselle, cuisine, logistique en contribuant par ta bonne humeur à l’osmose entre les équipiers mais le petit plus de l’association c’est encore autre chose : avoir le sens des autres, une éthique et la conviction que le voilier qui vous emmène vers de belles aventures vous appartient au même titre qu’il appartient aux 200 adhérents, matelots d’un bord ou de plusieurs. Cette notion de propriété collective créé des liens particuliers .

Elle est l’héritage des pères fondateurs issus des Jeunesses laïques qui ont voulu en 1965 mettre la voile, alors réservée à une élite fortunée, à la portée du plus grand nombre.

Christian Dély qui fut président durant 18 ans de 1976 à 1994 a donné une très belle définition de l’association, l’une des clefs de sa pérennité : « Dans une société qui évolue vers trop d’individualisme et de compétition, le GMC de par son éthique et son fonctionnement nous offre un espace d’expression, d’actions et de prises de responsabilité dans lequel les mots convivialité, tolérance, altruisme prennent tout leur sens, dans lequel les relations humaines sont essentielles et de première qualité »

Hélène Chassot, 2015.